Paupières closes dans la nuit de novembre

 


 





paupières closes dans la nuit de novembre

buvards posés sur les circonvolutions d’un jour déjà enfuit 
 
ainsi s’achève une journée semblable à une voyelle qui n’en finissait pas de se laisser absorber par la chair humide d’une lèvre boudeuse
 
- un o ouvert -
- source pure  de l’étonnement -
 
suspension de la parole on respire enfin battement régulier du cœur 
 
crucifié entre côtes et omoplate proche de l’éruption en proie à des prétentions volcaniques 
 
je le préfèrerais framboise ou pêche de vigne 
 
bruine plutôt que feu hirondelle bien mieux  que méduse
 
un tissu en serge blanc recouvre l’abat jour de la lampe 
 
rien ne filtre de l’ampoule éclairée sinon un soupçon de











chaleur qui se laisse deviner désirer mais qui
 
ne réchauffe pas
 
l’obscurité sied à la perfection  aux fantasmes  
 
un volet claque claque et claque encore 
 
un autre volet même taille couleur identique tout proche un parent un ami vient lui faire écho claque à son tour et claque encore 
 
tout est désordre dispute insurrection de volets ralliement d’un coq sauvage qui se joint à ce tintamarre nocturne jusqu’à terrifier une jeune chouette effraie qui hulule à en faire pitié avant de s’enfuir vers un nouveau refuge 
 
les volets ne protègent pas du monde ils délimitent simplement un cadre caoutchouteux dans les marges de notre imaginaire et
 
continuent à claquer  sans fin dans la nuit se jouant des oiseaux nocturnes des femmes noctambules

 












qui par paresse se vautrent dans la douceur des couettes le parfum de la verveine et l’amertume du cacao
 
alors cette femme-là cette autre femme peut-être est-ce moi 
 
se redresse s’assoit en travers du lit le matelas grince pose d’abord un pied sur le sol puis l’autre pied c’est le même sol
 
elle ouvre une fenêtre, la plus éloignée de mon lit pour me laisser le temps de changer d’avis mais je persiste 
 
un courant d’air 
 
air glacé si transparent dans la nuit 
 
les pages d’un livre resté ouvert frétillent se déchirent puis un éclat de rire celui de la femme noctambule mon rire qui avec moi enjambe la fenêtre 
 
mais il n’y a pas de volet pas de serge blanc sur l’abat jour de la lampe c’est juste une histoire pour séduire la chouette me faire une place à ses côtés contre la chaleur de ses ailes pour la chatouille de son bec derrière mon oreille dans les prémices de la nuit tout au fond du jardin

(Atelier écriture - Copyright MCabrera)




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