Si j'écrivais, j'écrirais la course des nuages


 


Si j’écrivais, j’écrirais la course des nuages dans mes veines, les gouttes de pluie sous l’arche de mes paupières, la croute du verglas sur l’ivoire des dents, les ailes d’un papillon dans la soie du matin, le havre d’une coccinelle sur un grain de beauté : ce bijou indécent sur la pulpe de ta lèvre.
 
Si j’écrivais, j’écrirais les contours, les reliefs et les courants marins d’une mappemonde. Son odeur iodée, le vert humide des algues, la paille du chèvrefeuille. 
 
La légèreté d’une fourmi sur la croupe d’un dinosaure. Les frontières fluctuantes, un froncement de sourcil, le cri des perdrix avant l’orage. La lune dans la braise, le rougeoiement des astres et la ronde des voyelles.
 
J’écrirais la valse des gestes désuets, les serments désossés, le vertige de l’enfant dans le ciel de la marelle, le ricochet de son éclat de rire sur les berges de la rivière.
 
Si j’écrivais, j’écrirais la noisette au pied du noisetier, le marbre blanc de la page blanche, mon désert des tartares strié de lignes droites et l’ombre de la gomme sur le crayon.
 
J’écrirais de la consonne son rêve de voyelle et l’extase de la voyelle qui joint son souffle à celui de la consonne. 
 
Si j’écrivais, je m’inventerais un voyage sans retour d’une vague à un océan. D’un océan à un golfe dans l’écume des voyelles débordant de consonnes. 
 
Consonnes et voyelles inversant leur ombre au fil des pages, d’un port à un autre port. Des ports pour écrire. Si j’écrivais. 

Commentaires

  1. Toujours aussi agréable à lire et touchant jusque dans l'âme ....🙏

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    1. Merci bcp mais je ne sais pas de qui est ce commentaires ???

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